Paris-Nice 2022: l’heure de Roglic ?

🔴 Il y a toujours une part d’excitation et d’impatience chez les amateurs de vélo en regardant se former le peloton de Paris-Nice. Ces petits frissons ne tiennent pas uniquement au niveau du thermomètre, qui peine parfois à s’élever dans les Yvelines aux premiers jours de mars, mais surtout aux interrogations sur les chances et les limites des protagonistes majeurs de la semaine, dont une bonne partie sont aussi des acteurs attendus de la saison. L’année dernière, Primoz Roglic découvrait la Course au soleil avec un statut de grand favori qu’il a assumé en s’imposant sur trois étapes, traçant une grande partie de la diagonale du sud-est vêtu du maillot de leader… jusqu’à une dernière journée cauchemardesque en route vers Levens, où il est arrivé dépité, le jaune de son maillot et de son cuissard ensanglanté par deux chutes, et relégué à la 15e place du général. Un homme averti en valant deux, le Slovène ne s’embarrasse pas de doutes et prendra le départ de Mantes-la-Ville avec des ambitions intactes, qui pourraient prendre forme dès le contre-la-montre de Montluçon. Du côté des rouleurs, les candidats à l’étape ne manqueront pas, à commencer dans les rangs de sa formation Jumbo-Visma qui s’est enrichie de Rohan Dennis en plus de Wout Van Aert. Dans le camp d’en face, c’est-à-dire chez les Ineos-Grenadiers, l’échéance du chrono sera aussi importante pour Filippo Ganna et Michal Kwiatkowski que pour Adam Yates et Daniel Martinez qui auront déjà à l’esprit la perspective du classement général final. À ce stade, l’Allemand Max Schachmann tiendra aussi à rester en embuscade, au cas où une occasion se présenterait de remporter un troisième titre consécutif, une série qui n’a plus été réalisée depuis 25 ans par Laurent Jalabert.

Pour rester en lice pour la gagne sur la Promenade des Anglais, il ne suffira pas de se comporter honorablement dans l’exercice solitaire et de se préserver des éventuelles bordures à affronter dans le Loiret ou l’Indre. Le week-end final donnera aux purs grimpeurs toutes leurs chances de renverser la situation, en particulier sur l’étape-clé du samedi dont l’arrivée sera placée pour la deuxième fois de l’histoire au col de Turini, où l’on accède après 14,9 kilomètres d’ascension. La route des succès d’Ari Vatanen ou de Sébastien Loeb en rallye a surtout été en 2019 celle du premier triomphe d’Egan Bernal sur une course par étapes de grand prestige. Le Colombien y avait tricoté son maillot jaune et blanc, tandis que son compatriote Daniel Martinez y remportait l’étape et que Nairo Quintana faisait également flotter leur drapeau en s’invitant sur le podium provisoire. Précisément, le grimpeur d’Arkea-Samsic se distingue comme l’homme en forme du moment, avec des victoires convaincantes sur le Tour de la Provence et le Tour des Alpes-Maritimes et du Var. Mais l’affaire ne concernera pas que la délégation colombienne, les grimpeurs de tous les pays ayant pris date : vainqueur d’étape sur le Tour d’Algarve, David Gaudu porte une partie des chances françaises, avec Guillaume Martin, Pierre Latour ou Aurélien Paret-Peintre ; les Espagnols compteront sur Ion Izagirre, David de la Cruz ou l’habitué des lieux Luis Leon Sanchez avec son nouveau maillot de Bahrain Victorious ; l’Australie tablera sur Ben O’Connor ; les Britanniques sur les deux frères Yates ; les Etats-Unis sur Brandon McNulty ; tandis que Russes et Kazakhes seront respectivement représentés par Alexandr Vlasov (2e en 2021) et Alexey Lutsenko.

Ils se tiendront à coup sûr à l’écart de la bataille finale, mais les sprinteurs ont bel et bien observé le parcours des premières étapes et décidé d’en faire une séquence à sensations. Les coureurs de Quick Step se déplacent en grande partie pour permettre à Fabio Jakobsen de faire le plein de bouquets. Mais le plus gros vainqueur d’étapes de ce début de saison (Tour de Valence x 2 / Tour d’Algarve x 2) n’est pas le seul à avoir levé les bras. C’est aussi le cas de Bryan Coquard sur l’Etoile de Bessèges et le Tour de la Provence, de Dylan Groenewegen au Saudi Tour, de Fernando Gaviria au Tour of Oman, de Jasper Philipsen à l’UAE Tour. Et s’ils n’ont pas encore eu l’occasion de s’exprimer pleinement, il faudra compter lors des arrivées massives sur Sam Bennett et Christophe Laporte avec leurs nouveaux maillots, mais aussi sur Cees Bol, Sonny Colbrelli ou Ivan Garcia Cortina.

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