Tour de France 2018 – Le bouquet d’une vie : Jean-Pierre Schmitz

Loin derrière les Eddy Merckx, Bernard Hinault ou encore Mark Cavendish, ils sont près de trois cents dans l’histoire du Tour à n’avoir connu qu’une seule fois les honneurs d’une victoire d’étape. Jusqu’au départ de la course le 7 juillet prochain, letour.fr retrace le parcours de 10 champions dont le palmarès se résume à un jour de gloire. Sur le Tour 1956, Jean-Pierre Schmitz a ajouté une page glorieuse à l’histoire du cyclisme luxembourgeois en s’imposant sur une étape pyrénéenne, là où son compatriote Charly Gaul était attendu.

Personne n’a oublié que le premier vainqueur non français du Tour était luxembourgeois. En 1909, François Faber devenait ainsi le pionnier d’une dynastie, dans laquelle s’inscrivait un peu plus tard Nicolas Frantz. Et c’est précisément le double vainqueur des éditions 1927 et 1928 qui se retrouve en tant que directeur aux commandes d’une équipe luxembourgeoise mixte (également composée d’Anglais et de Portugais !), qui doit voir l’avènement programmé de Charly Gaul sur le Tour 1956. L’année précédente, c’est lui qui a replacé le Grand-Duché au cœur du jeu en montant sur le podium (3e) et en s’adjugeant le Grand Prix de la montagne. Mais l’Ange de la Montagne voyage avec un camarade de promotion à peine moins doué que lui. Jean-Pierre Schmitz se présente même sur son premier Tour avec quelques faits d’armes honorables, comme une 2e place sur le Critérium du Dauphiné 1954 ou une jolie médaille d’argent ramenée des Mondiaux de Frascati en Italie à la fin de l’été 1955. On ne l’attend pas, mais « Jempy » est bel et bien prêt à prendre le relais en cas de défaillance de son leader et ami.

Un bond prodigieux

Précisément, au départ de Pau pour la deuxième étape pyrénéenne, Gaul a déjà laissé entrevoir quelques faiblesses… et ses équipiers ont la bénédiction de Nicolas Frantz pour tenter leur chance. C’est donc l’heure de Schmitz, qui se fait une place à retardement dans l’échappée du jour, brille par sa discrétion dans la montée au col d’Aspin, puis file dans la descente pour s’attaquer en solitaire à Peyresourde et plonger sur Luchon. Le coup de force est décrypté dans L’Equipe du lendemain par Pierre Chany : « Le ‘’Luxembourgeois de rechange’’ effectua dans les cols un bond absolument prodigieux. La preuve : après avoir été pointé avec le peloton à huit minutes des échappés à 54 kilomètres du but, Monsieur J-P. franchit la ligne avec… 2’08’’ d’avance sur Fernand Picot, classé second à Luchon ! ». Après avoir fait étalage de son talent, Schmitz n’a plus réellement trouvé d’occasions équivalentes de s’attirer les honneurs, retrouvant le plus souvent son rôle de lieutenant de Charly Gaul, notamment lors de son succès sur la Grande Boucle en 1958. Chacun à sa place !

 

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