Tour de France 2018 : le point à J-2

A deux jours du coup d’envoi de la 105e édition, les protagonistes sont attendus pour une cérémonie de présentation des équipes sur la place Napoléon de La Roche-sur-Yon, et sont en partie venus s’exprimer dans l’enceinte du Vendéspace, le complexe sportif qui accueille la permanence de l’organisation et la salle de presse.

Du côté de BMC, Richie Porte évoque ses chances de monter pour la première fois sur le podium, tandis que Romain Bardet, désormais habitué du Top 3, sait qu’il bénéficiera finalement du soutien de Tony Gallopin, jusque-là incertain. C’est plutôt sur les victoires d’étapes que lorgnent Mark Cavendish, toujours à la chasse aux records, et dans un tout autre registre Warren Barguil, qui cherche à rebondir.

ROMAIN BARDET : « LES PAVÉS, C’EST PLUS DANGEREUX QU’UNE ÉTAPE DE MONTAGNE »
Salle de conférence comble pour l’entrée de Romain Bardet et de sa bande, dont il manque un élément clé, toujours incertain à deux jours de départ de la course. Le manager Vincent Lavenu éclaircit d’emblée la situation quant à la participation de Tony Gallopin, victime d’une chute dimanche dernier sur les championnats de France : « Il va effectuer ce matin un dernier entraînement à l’issue duquel nous pourrons nous prononcer sur sa capacité à prendre le départ. En cas de forfait, Cyril Gauthier est prêt à nous rejoindre ». Avec ou sans Gallopin, le leader qui a terminé sur le podium les deux dernières éditions se sent prêt à défendre ses chances au plus haut niveau et porte une attention particulière aux difficultés de la première semaine : « Je n’ai jamais eu une équipe aussi forte autour de moi. Nous sommes ambitieux mais humbles, il faudra aller chercher du temps seconde après seconde, et surtout éviter d’en perdre. L’étape des pavés par exemple, c’est presque plus dangereux qu’une étape de montagne. Je vibre toujours devant Paris-Roubaix, et je sais que nous pourrons être ambitieux ce jour-là. Avec Sylvan Dillier bien sûr, qui s’est classé deuxième cette année, mais aussi avec Oliver Naesen qui est l’un des maîtres de la spécialité, et Tony Gallopin qui n’est pas en reste non plus ». Deux heures plus tard, le verdict tombait après le test décisif : « Gallo » sera bien de la partie.

RICHIE PORTE : « J’ESPÈRE QUE FROOME SERA CRAMÉ ! »
Placé en embuscade depuis son départ du Team Sky, Richie Porte se positionne comme l’un des plus menaçants rivaux de Chris Froome, bien que son objectif officiel soit d’atteindre le tiercé de tête pour la première fois de sa carrière. Après s’être imposé sur le Tour de Suisse il y a quelques semaines, l’Australien affiche une détermination maximale : « Je suis très motivé pour ce Tour. C’était sympa de regarder ce qu’a fait Chris Froome sur le Giro… j’espère qu’il sera cramé ! Je faisais partie de l’équipe de Contador en 2011, et je sais à quel point il est difficile de remporter le Giro et le Tour la même année. Si quelqu’un est capable de le faire, c’est Chris. C’est pour cela qu’il vient, mais j’espère qu’il sera fatigué ». Le leader de BMC table également sur l’appétit de la concurrence au sens large pour faire vaciller Froome : « Vincenzo Nibali et Nairo Quintana ne le laisseront pas tranquille une seule journée, nous sommes tous là pour stopper sa série victorieuse. Personnellement, je suis impatient de disputer le chrono par équipes, tout est prêt et peut-être que l’un d’entre nous pourrait prendre le Maillot Jaune. Ce serait peut-être un peu tôt, mais déjà une belle récompense pour l’équipe. Je pense en tout cas que nous avons la puissance pour bien passer cette première semaine. Les pavés, ce n’est pas vraiment mon truc, mais je trouve que Greg van Avermaet n’est pas trop mal dans ce domaine. Nous avons aussi Michael Schär, qui est peut-être le coureur le plus sous-estimé du peloton. Tous les prétendants au titre ne seront pas aussi bien entourés ».

WARREN BARGUIL : « JE NE LÂCHE RIEN »
Après son Tour de France 2017, terminé en 8e position avec le maillot à pois et deux étapes de montagne remportées, Warren Barguil a acquis un nouveau statut et sera particulièrement scruté cette année. Le coureur breton se présente également avec une nouvelle équipe, puisqu’il a rejoint Fortuneo-Samsic depuis son départ de Sunweb. Malgré les attentes qui se portent sur lui et une saison peu convaincante jusqu’ici, « Wawa » attaque avec enthousiasme et calcul son 4e Tour de France :
« Ce sera dur de faire aussi bien que l’année dernière, mais je rêve de remporter une autre étape de montagne. Il va falloir que je ronge mon frein sur les étapes bretonnes, je vais juste monter en pression tranquillement en attendant les Alpes, pour être offensif dès l’étape du Grand-Bornand. Je ne vise pas le classement général, alors il faudra que j’ai suffisamment de retard pour pouvoir prendre une échappée. Je sais que mes résultats n’étaient pas au rendez-vous sur la première partie de saison, mais je ne lâche rien et je ne lâcherai jamais rien, jusqu’au dernier jour de ma carrière ». Bien qu’il ait renoncé au classement général, Barguil se montre tout de même intéressé par la lutte au sommet, au point de donner un pronostic pour le podium final, dont il a exclu Chris Froome : « Je pense qu’il va payer sa fatigue du Giro. Alors sans préciser d’ordre, je verrais bien Roglic, Uran et Bardet. Il se peut aussi que Nibali ne soit pas loin ! »

GUILLAUME MARTIN : « J’AI PASSÉ UN CAP »
Unique formation non-française invitée sur le Tour de France, à la faveur de sa position au sommet de l’Europe Tour depuis deux ans, Wanty-Groupe Gobert tient à tirer avantage de sa première participation et s’est fixé des objectifs sensiblement plus élevés qu’en 2017, en particulier pour son leader unique, Guillaume Martin. Si l’état d’esprit reste axé sur l’offensive et en particulier les tentatives d’échappée, le leader de l’équipe n’exclut pas de batailler pour une belle étape de montagne et pourquoi pas pour une place honorable au classement général, le dernier « invité » dans le Top 10 étant Pierre Rolland en 2015 (10e avec Europcar) : « J’ai beaucoup appris de mon expérience de l’année dernière, et je sais que mon corps a évolué comme mon niveau. Je me présente donc avec des ambitions plus hautes. J’ai vu sur le Dauphiné que j’étais capable de jouer avec les meilleurs en montagne et régulièrement, j’ai donc passé un cap. Mais je sais aussi que la première semaine est pleine d’embuches, alors je verrai après l’étape de Roubaix si je suis en mesure de viser une place dans les 15 premiers. Sinon, je pourrai me tourner vers d’autres objectifs, ils ne manqueront pas ».

MARK CAVENDISH : « 34 VICTOIRES, C’EST LE SEUL OBJECTIF QUI ME RESTE »
L’équipe sud-africaine Dimension Data connait des joies et des peines sur le Tour. En tant qu’équipe invitée en 2015, elle avait connu un succès d’étape mémorable, obtenu grâce à Stephen Cummings à Mende le jour de « Mandela Day ». Cette année, le 18 juillet correspond au 100e anniversaire de la naissance du Prix Nobel de la paix, qui ne sera pas nécessairement honoré pour l’arrivée à la Rosière, l’effectif n’étant pas riche en grimpeurs. La formation table en revanche sur son leader Mark Cavendish, qui avait prématurément quitté sur chute le Tour l’an dernier (étape 4), mais poursuit toujours son rêve de chatouiller le record de victoires d’étapes détenu par Eddy Merckx en dépit d’une année perturbée par les blessures : « Cette saison n’a pas été pire que la précédente ! J’ai eu 4 semaines pleines pour m’entraîner. Je travaille toujours pour être dans ma meilleure forme en juillet et j’espère que ce sera le cas cette année. Les 34 victoires sur le Tour, c’est le seul objectif qui me reste dans ma carrière ! Parce que tout ce que j’étais physiquement capable de faire, je l’ai déjà réalisé. Mais quand on pense qu’une seule victoire peut remplir la carrière d’un coureur, on mesure à quel point ce record est dur à atteindre. Bien sûr nous allons faire le maximum pour remporter la première étape, sachant qu’il y a le Maillot Jaune en jeu ».

FAN PARK : C’EST OUVERT
Pendant que les coureurs s’exprimaient sur leurs ambitions des trois prochaines semaines, les spectateurs et curieux du Tour ont eux-aussi commencé à se mettre dans l’ambiance à l’occasion de l’ouverture du Fan Park qui a investi la Place de Vendée à la Roche-sur-Yon. Pendant quatre jours, cet espace de jeu et d’animation est ouvert gratuitement au public. Les plus chanceux auront peut-être le privilège de débuter comme Eddy Merckx, Bernard Thévenet et Christian Prudhomme leur visite par une dégustation d’huîtres. En tout cas, les plus jeunes profiteront à coup sûr des stands installés dans les « Ateliers du Tour », où les enfants sont invités à des initiations au BMX ou des séances de sensibilisation sur les équipements de sécurité par exemple. Après son séjour vendéen, le Fan Park se déplacera à Annecy les 15 et 16 juillet, puis à Carcassonne du 22 au 24 juillet.

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